Philosophie
Nur erst, wenn dir die Form ganz klar ist, wird dir der Geist klar werden.
« Vous ne comprendrez l’esprit que quand vous serez maître de la forme. »
Robert Schumann, Musikalische Haus- und Lebensregeln, 1850.
Traduction française de Ferenc Liszt citée par Brigitte François-Sappey, Robert Schumann, Éditions Fayard, 2000, p. 1082-1087.
Dans la communication des idées ou du savoir par l’écrit, le premier contact du lecteur avec la pensée de l’auteur s’effectue via la correction, la conformité, la cohérence, l’homogénéité, l’unification, la mise au point du texte imprimé ou affiché, c’est-à-dire sa forme ; une partie de son jugement procède d’ailleurs de cette impression. La mise au point d’un texte et sa composition typographique sont des travaux professionnels qui requièrent un artisan et un outil, une technologie au service d’une disposition d’esprit.
Artisanat
Outre le respect de la copie confiée par l’auteur, je pense que l’artisan — lecteur, correcteur, typographe — se définit par sa vigilance permanente, sa méfiance même vis-à-vis de la « chose sue », son interrogation, son inquiétude. Le soupçon qui l’anime détermine ainsi sa méthode de travail.
Dans le domaine de l’édition, d’infimes détails typographiques infléchissent et conduisent la lecture. L’édition scientifique et technique en donne des exemples éloquents : dans les documents de ce type, la représentation typographique des symboles implique un contenu sémantique à propos duquel il ne doit subsister aucune ambiguïté. Ainsi, la bonne mise au point du texte et la typographie pertinente sont celles qui en assurent la correction et l’unification, mais que l’on ne remarque pas, dont on ne relève pas les intentions. Elles cherchent à simplifier le travail de lecture et non à attirer sur elles l’attention du lecteur ou à « interpréter » le texte.
Technologie
Afin d’épauler l’artisan dans cet état d’esprit, il est souhaitable que l’outil informatique ait été conçu pour induire une séparation stricte du texte lui-même — ce qui inclut le marquage logique de sa structure et de son contenu sémantique — et de sa représentation graphique. C’est le cas du système LaTeX que je vous propose d’adopter pour votre projet éditorial.
Bien entendu, une telle distinction n’est pas toute-puissante, et il n’est pas rare que des interventions soient requises, dans un second temps, qui relèvent plutôt du marquage visuel (en anglais, layout markup). C’est l’occasion, pour l’artisan, d’effectuer à ce moment les ajustements sur mesure de la mise en pages.