Production de la version finale

Emploi du moteur de composition selon les règles de l’art
Illustration par Pierre Bamin (voir Unsplash/@bamin)

La plupart des documents sont aujourd’hui préparés et imprimés à partir de fichiers PDF (portable document format) soumis par une voie électronique. Il est important que ces documents remplissent les conditions de production requises par la chaîne éditoriale et l’impression professionnelle. Ce n’est pas parce qu’un document semble correct au terminal ou sur le périphérique local d’impression de l’auteur qu’il convient pour ces dernières.

En général, les documents peuvent être fournis au format PDF ou PostScript. Les deux sont acceptables, pour autant que le fichier satisfasse aux conditions suivantes, à chaque étape du processus de fabrication — ce qui implique le système LaTeX et ses « satellites » :

  1. toutes les polices de caractères utilisées dans le document doivent être incorporées dans le fichier PDF ou PostScript, sous la forme de sous-ensembles — en anglais, embedded subsets. Cette condition garantit une impression conforme aux intentions de l’auteur ;
  2. aucune police de caractères de type 3 (police bitmap PK) ne doit être utilisée. Il faut leur préférer les polices PostScript de type 1 disponibles. Quand on essaie de produire un fichier PDF à partir de documents qui présentent des polices de type 3, le résultat manque en effet de netteté avec les versions du programme Adobe Reader antérieures à la version 6 parue au milieu de l’année 2003 ;
  3. toutes les images incorporées doivent être des fichiers PostScript encapsulés (EPS) ou des fichiers PDF à haute résolution (au moins douze points par millimètre à la taille d’impression) et non comprimés. On ne parle pas ici de compression sans perte, mais de l’absence de sous-échantillonnage. Dans le cas des images en couleurs, l’espace de couleurs CMYK devrait être privilégié.

Il est important que les images insérées comportent elles-mêmes toutes les polices de caractères utilisées, et qu’en outre elles ne soient pas affectées de sous-échantillonnage ni de compression avec perte.

Les « moteurs » TeX, pdfTeX, XeTeX et LuaTeX — en association éventuelle avec d’autres logiciels libres tels que le pilote PostScript Dvips et l’interpréteur GPL Ghostscript pour le langage PostScript et pour le format PDF — produisent des documents PostScript ou PDF d’excellente facture lorsqu’ils sont configurés de manière appropriée.

Production de la version finale au format PostScript

Quand on produit le document final au format PostScript, l’utilisation du pilote Dvips, qui convertit le fichier DVI (device independent) de TeX en un fichier PostScript, doit faire l’objet de quelques précautions. Les lignes de commande suivantes conviennent :

dvips -t a4 -Ppdf -G0 -o ${fichierPrincipal}.ps \
    ${fichierPrincipal}.dvi
dvips -t a4 -Pdownload35 -G0 -o ${fichierPrincipal}.ps \
    ${fichierPrincipal}.dvi

L’inclusion des trente-cinq polices de caractères PostScript standard devrait néanmoins être le comportement normal de Dvips depuis la version de 2012 de la distribution TeX Live.

Production de la version finale au format PDF

Quand on produit le document final au format PDF, on peut partir d’un fichier PostScript obtenu comme suggéré ci-dessus (cas du « moteur » TeX), ou plutôt des fichiers sources eux-mêmes (cas des « moteurs » pdfTeX, XeTeX et LuaTeX plus récents).

À partir d’un fichier PostScript

La chaîne de production TeX → DVI → PostScript → PDF permet le contrôle du processus de fabrication à chaque étape. L’interpréteur GPL Ghostscript est équipé de l’utilitaire Ps2pdf qui propose presque toutes les options de distillation offertes par Acrobat Distiller, pour la conversion du fichier PostScript au format PDF. La ligne de commande suivante convient :

ps2pdf -dPDFSETTINGS=/prepress \
    -dCompatibilityLevel=1.5 \
    -r2400 \
    -sPAPERSIZE=a4 \
    -dCompressPages=false \
    -dUseFlateCompression=false \
    -dProcessColorModel=/DeviceCMYK \
    -dConvertCMYKImagesToRGB=false \
    -dDownsampleColorImages=false \
    -dAutoFilterColorImages=false \
    -dColorImageFilter=/FlateEncode \
    -dColorImageResolution=350 \
    -dDownsampleGrayImages=false \
    -dAutoFilterGrayImages=false \
    -dGrayImageFilter=/FlateEncode \
    -dGrayImageResolution=350 \
    -dDownsampleMonoImages=false \
    -dMonoImageFilter=/FlateEncode \
    -dMonoImageResolution=1200 \
    -dEmbedAllFonts=true \
    -dSubsetFonts=true \
    -dMaxSubsetPct=100 \
    ${fichierPrincipal}.ps ${fichierPrincipal}.pdf

À partir des fichiers sources

Les « moteurs » modernes peuvent produire un fichier PDF à partir des fichiers sources eux-mêmes. Le fichier updmap.cfg spécifie la configuration des polices de caractères pour la distribution TeX Live ; il indique si et comment celles-ci doivent être incorporées dans le fichier PDF. Afin d’inclure les polices de base standard, la ligne de commande suivante, en mode d’administration, convient :

updmap-sys --setoption pdftexDownloadBase14 true

L’inclusion des quatorze polices de caractères PDF standard devrait être le comportement normal du « moteur » depuis les versions récentes de la distribution TeX Live.

Fichier PDF conforme au standard PDF/A ou PDF/X

Pour assurer la conservation à long terme des documents électroniques au niveau de leur contenu en texte et graphique — incorporation des polices de caractères nécessaires à la reproduction fidèle dans le futur, absence de chiffrement, non-compression des contenus graphiques, spécification de l’espace de couleurs indépendante du matériel, insertion des métadonnées standard —, la spécialisation PDF/A du format PDF requiert en particulier des documents autonomes, qui ne dépendent d’aucune information tirée de sources externes.

Le standard PDF/X a été conçu, à l’intention de la chaîne de production graphique et en particulier de l’impression, afin de s’assurer en amont que les documents électroniques au format PDF peuvent être transmis et échangés de manière transparente et fiable.

Le fichier PDF final des projets éditoriaux qui me sont confiés est conforme à la partie « 2 » et au niveau de conformité « u » du standard PDF/A (c’est-à-dire à la norme PDF/A-2u) pour l’archivage et la préservation à long terme, comme indiqué par le logiciel et la librairie de validation open source du consortium VeraPDF.

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